Le style est la préoccupation première de Ramuz. Ecrivains et critiques ne se sont pas trompés en déclarant qu’il était un stylisticien de premier plan, de Paul Claudel évoquant sa « parlure » à Louis-Ferdinand Céline prédisant qu’on le lirait encore de ce fait en l’an 2000. Dès les années 1910, Ramuz se construit une langue bien à lui, où l’oralité prend de plus en plus de place. Régulièrement accusé de mal écrire, il s’en défendra dans des essais à la fin des années 1920, où il précise sa démarche. Il y distingue deux langues françaises : la langue académique, standard, la belle langue française, qu’on apprend à l’école et que l’on trouve dans la littérature. Il qualifie celle-ci de « langue-signe » ou de « français de conserve ». Il y oppose une nouvelle langue, qu’il tente de recréer à partir de ce qu’il observe autour de lui, une « langue-geste », un « français de plein air ». Pas dans la copie, dans le pastiche ou la caricature, mais dans la recherche d’une langue vivante, mouvante, organique.