Sur un papier bleu, Ramuz a écrit des notes préparatoires, entrecoupées d'un plan représentant le lieu de l'action. Le tout est barré de traits rouges.

Le quotidien de Ramuz est fortement ritualisé, rythmé par des habitudes strictement respectées. Le matin est réservé à l’écriture, l’après-midi à la correspondance et aux visites. Son projet une fois établi, Ramuz est capable de rédiger rapidement, jusqu’à dix feuillets par jour en moyenne. Le manuscrit définitif de Derborence (231 feuillets), par exemple, est rédigé en un mois, et corrigé en trois semaines. Le manuscrit définitif de La Beauté sur la terre (363 feuillets), roman particulièrement virtuose, est conçu en un mois et demi, et relu en un mois. Cette phase d’écriture est précédée de notes préparatoires, de plans et de listes. Elle est suivie de plusieurs campagnes de réécriture, dans des versions dactylographiées puis sur épreuves. 

Si Ramuz compose ses textes de manière si concentrée, c’est qu’il s’appuie sur un matériau considérable engrangé au fil du temps, auquel il revient sans cesse, qu’il récrit dans une autre tonalité, ou sous un angle nouveau. Quand il s’attelle à un manuscrit « définitif », c’est qu’il a trouvé le ton propre à assurer harmonie et cohérence au roman et qu’il est prêt à se consacrer entièrement à la recherche d’un rythme qui anime son texte d’un bout à l’autre. Dans cette phase cruciale de son travail, Ramuz se concentre sur la sonorité, le rythme de la phrase, l’oralité, la manière de prendre en charge le récit, déroulant l’histoire comme un conteur le ferait en direct.

« Grand travail tous ces jours de 8 heures à 6 heures. J’avance vite ; trente pages par jour, en moyenne, sauf aujourd’hui où je suis moins en train. »

Journal, 10 mai 1912

Légende

C. F. Ramuz (1878-1947)

Plan topographique en vue de la rédaction de La Beauté sur la terre, 1926

25.2 x 20.3 cm

Collection C. F. Ramuz

BCUL, IS 5905/1/1/104

© BCU Lausanne (Laurent Dubois)