Photo contemporaine du bord du lac Léman. Un homme est assis sur une chaise au bout d’une courte jetée.

Deux catégories de personnages se distinguent dans les romans de Ramuz : les individus singuliers et les types récurrents. À la première catégorie appartiennent les protagonistes dont l’arrivée bouleverse l’équilibre des communautés villageoises, mettant en évidence les failles qui les séparent. C’est Juliette dans La Beauté sur la terre, Besson, le vannier de Passage du poète, Joël dans L’Amour du monde, Caille dans Les Signes parmi nous. Leur fonction est similaire, mais leur caractérisation est à chaque fois unique. Font partie de la deuxième catégorie des membres de la communauté, les habitants du village, ce petit monde où règne l’entre-soi, composé de paysans, d’artisans, de familles, de jeunes amoureux, mais aussi de marginaux. Tous sont « posés les uns à côté des autres », ainsi que l’écrivain le rappelle souvent. Les personnages, ainsi que les situations évoquées et les histoires, sont des éléments que Ramuz reprend à sa guise d’un texte à l’autre, comme autant de variations autour des mêmes thèmes.

« Rien à faire ; Caille soupire. 
Il était de nouveau sur la route ; il faisait chaud, toujours plus chaud. 
Est-ce qu’il voyait seulement la fête que c’était, sur sa gauche, où il y avait le lac, et entre le ciel et le lac toutes ces flammes envoyées, renvoyées, de sorte qu’on ne sait plus, pour finir, si la lumière vient d’en bas ou d’en haut. »

Les Signes parmi nous, 1919

Légende

Virginie Otth

Sans titre, d’après Les Signes parmi nous, 2023

© Virginie Otth/Musées de Pully