Caricature de Ramuz. Il tient un stand et vend ses livres comme remède à l’insomnie.

L’œuvre de Ramuz est un objet de débat, et ses prises de parole suscitent la controverse ou l’incompréhension. La singularité de son style provoque de nombreuses critiques et discussions. Au tournant des années 1920, Ramuz radicalise une écriture déjà très caractérisée par la rupture syntaxique, la répétition et l’anaphore. Il s’éloigne de la narration continue pour approcher le récit comme une suite de « tableaux » ou « morceaux », variant les temps verbaux aussi bien que la focalisation. Le résultat déconcerte certains publics, notamment les lecteurs de la Gazette de Lausanne qui s’en plaignent à la rédaction. En France, la publication de ses romans La Guérison des maladies (1924), Joie dans le ciel (1925) et L’Amour du monde (1925) précipitent une partie de la critique dans des abîmes de perplexité, quand elle n’est pas outrée. Certes, concède-t-elle, ces romans sont lyriques, expressifs, mystiques, poétiques, plein d’images évocatrices, mais l’écriture en serait par trop incorrecte et la construction bancale. Ramuz publie en 1926 La Grande Peur dans la montagne, conçu pour calmer la tempête, et publie des essais où il précise sa théorie du style oralisé. Ramuz apparaît dès lors comme un théoricien du langage, et comme un précurseur de la « francophonie ».

« Les “péripéties” ne m’intéressent pas. L’invention ne doit pas être dans le sujet ; elle doit être dans la manière de le rendre. »

Journal, 23 octobre 1905

Légende

Ramuz vu par Henri Guilac dans « Prochainement ouverture… de 62 boutiques littéraires », Paris : Simon Kra, 1925

12.8 x 18.3 cm

Réserve précieuse, BZ 416

© BCU Lausanne (Laurent Dubois)